les 12 premiers sūtrāni de Patañjali
Suite à notre premier stage yoga-sūtra de l'année (scolaire), je vous redonne ici en devanāgarī et sanskrit translittéré ("occidentalisé") les 12 premiers versets (sūtrāni, pluriel de sūtra) de Patañjali assortis de leur traduction, mais sans développer comme nous l'avons fait dimanche les "menus déroulants" que sont les aphorismes du Mahāṛṣi...
196 "lignes" pour condenser 3000 ans de connaissance yoguique en Inde...
image du site yoga-sutra.blogspot.fr
अथ योगानुशासनम्॥१॥
I.1- atha yogānuśāsanam
I.1- atha yogānuśāsanam
maintenant
voici l'enseignement du yoga, tel qu'il s'est passé de Maître à élève (from guru to śiṣya) "dans la contunité d'une
transmission sans interruption". C'est, entre guillemets, la
traduction de Françoise Mazet, et tout cela, tout ce qui est après
la virgule, pour le petit mot "anu" qui chez nous donna
"anneau", puis "année", l'idée d'un cycle sans
cesse perpétué.
योगश्चित्तवृत्तिनिरोधः॥२॥
I.2- yogaḥ cittavṛtti nirodhaḥ
I.2- yogaḥ cittavṛtti nirodhaḥ
le
yoga, c'est la cessation des mouvements de la conscience.
Et je donne ici la traduction de Monsieur Iyengar qui nous dit de ce
sūtra, contenant la définition même du yoga, qu'il est un sūtra
vital ! Dont dépend notre vie ! Quand, comme lui, du yoga, nous
avons fait notre vie... Dont il nous dit aussi que bien que l'on
traduise souvent citta par "mental" ou par "esprit",
citta, en sanskrit, c'est la conscience. Et vṛtti, c'est l'idée de
"vrille", de tourner (de la racine VṚT qui dans nos
langues indo-européennes devint le radical VERT que l'on retrouve
dans : vertige
(la peur des hauteurs, mais aussi la tête qui tourne), dans vertex
(ou vortex, le sommet du crâne), dans convertir (d'où les
traductions qui parlent de "modifications" des états de la
conscience) ou dans divertir (et vous vous souviendrez que je vous ai
dit : le yoga c'est faire de la conscience un outil dont j'use et non
un outil qui m'use, quand il a fini de m'amuser...)
तदा द्रष्टुः स्वरूपेऽवस्थानम्॥३॥
I.3- tadā draṣṭuḥ svarūpe avasthānam
I.3- tadā draṣṭuḥ svarūpe avasthānam
alors,
le témoin (le voyant) apparaît, tel qu'en lui-même. Résidant
dans son aspect véritable. Ayant sa forme propre. "Conscient de sa
vraie nature" (Noëlle Perez-Christiaens). Irradiant de toute sa
beauté (ou "dans toute sa splendeur", Iyengar) :
avasthānam, c'est "il habite, il réside, il est établi (donc
stable)..." mais aussi, comme on le dit du soleil, "il
irradie", dans le sens de briller et d'être radieux, en beauté.
वृत्तिसारूप्यमितरत्र॥४॥
I.4- vṛtti sārūpyam itaratra
I.4- vṛtti sārūpyam itaratra
autrement,
"ce qui voit" se confond avec "ce qu'il voit".
Autrement (itaratra, iterum en latin : tant qu'il y a activité
"mentale" au sens large), il y a identification avec les
mouvements de la conscience. (Ce n'est plus sa forme propre, svarūpa,
comme au sūtra précédent, mais comme ici "la même forme
que", sarūpa).
वृत्तयः पञ्चतय्यः क्लिष्टाक्लिष्टाः॥५॥
I.5-vṛttayaḥ pañcatayyaḥ kliṣṭākliṣṭāḥ
I.5-vṛttayaḥ pañcatayyaḥ kliṣṭākliṣṭāḥ
les
activités de la conscience sont au nombre de cinq, douloureuses ou
non douloureuses. C'est-à-dire, par lesquelles nous souffrons
(ou bien non), mais aussi par lesquelles nous pouvons générer (en
comme autour de nous), ou la souffrance ou bien la joie, ainsi que
l'interprète Paramahaṁsa Nityānanda.
प्रमाणविपर्ययविकल्पनिद्रास्मृतयः॥६॥
I.6- pramāṇa viparyaya vikalpa nidrā smṛtayaḥ
I.6- pramāṇa viparyaya vikalpa nidrā smṛtayaḥ
à
savoir : la connaissance juste, la connaissance erronée,
l'imagination (vikalpa, qui est aussi le doute, l'indécision),
le sommeil et la mémoire. Tout ce que nous avons en notre
conscience (autrement dit le contenu de notre esprit), provient de ces
cinq modes de connaissance, de ces cinq types de perception énumérés
par Patañjali.
प्रत्यक्षानुमानागमाः प्रमाणानि॥७॥
I.7- pratyakṣa anumāna āgamāḥ pramāṇāni
I.7- pratyakṣa anumāna āgamāḥ pramāṇāni
une
connaissance juste est avérée par la perception sensorielle,
l'inférence et le témoignage. Et si ce que nos sens nous
disent (pratyakṣa, ce qui est devant les yeux), ce que nous avons
appris par déduction, par analyse (anumāna) et ce que l'on tient
des Maîtres et/ou des textes révélés (āgama), si ces trois
"types de preuves" vont dans le même sens, alors nous
pouvons en déduire que nous ne faisons pas fausse route...
विपर्ययो मिथ्याज्ञानमतद्रूपप्रतिष्ठम्॥८॥
I.8- viparyayaḥ mithyājñānam atadrūpa pratiṣṭham
I.8- viparyayaḥ mithyājñānam atadrūpa pratiṣṭham
le
contraire (viparyaya), est la connaissance erronnée, fondée sur du
non-réel. Sur une mauvaise interprétation de (ce que nous
appelons) la réalité. L'exemple classiquement cité en Inde étant
celui de la corde que l'on prend pour un serpent. Atadrūpa,
littéralement, c'est "qui a une forme qui n'est pas cela
(tad)" : prendre quelque-chose pour ce que cela n'est pas.
Ou comme n'étant pas Cela, le Soi...
शब्दज्ञानानुपाती वस्तुशून्यो विकल्पः॥९॥
I.9- śabdajñāna anupātī vastuśūnyaḥ vikalpaḥ
I.9- śabdajñāna anupātī vastuśūnyaḥ vikalpaḥ
l'imagination
est une connaissance verbale vide de substance. Une connaissance
uniquement faite de mots (śabda). Mais ne savons-nous pas, avec
Alain Porte, qu'au-delà d'une certaine qualité de vécu, "les
mots faillissent"... Ne disons-nous pas "un traître
mot"... Ou encore "qu'il n'y a pas de mot pour le dire...".
Car tout comme nos sens le sont, les mots dont nous usons sont
limités...
अभावप्रत्ययालम्बना वृत्तिर्निद्रा॥१०॥
I.10- abhāva pratyaya ālambanā vṛttiḥ nidrā
I.10- abhāva pratyaya ālambanā vṛttiḥ nidrā
le
sommeil est l'absence non-délibérée de mouvements de conscience
(traduction de la traduction d'Iyengar...). Un mode de
perception inconsciente. Plus littéralement : le sommeil (profond,
nidrā, le sommeil avec rêves étant svapna) est un shéma de
fonctionnement mental fondé sur la sensation que rien n'existe. Que
je ne suis pas..., bien qu'il y ait toujours quelqu'un qui "garde
la boutique"... Mais dans le sommeil, définit Satyānanda
Sarasvatī, si "le Soi regarde citta, citta ne regarde pas
le Soi".
अनुभूतविषयासंप्रमोषः स्मृतिः॥११॥
I.11- anubhūta viṣaya asaṁpramoṣaḥ smṛtiḥ
I.11- anubhūta viṣaya asaṁpramoṣaḥ smṛtiḥ
la
mémoire est la rétention des objets perçus, des expériences
faites. Le rappel fidèle (sans rien voler au souvenir) de ce qui
a été vécu. Des choses telles qu'elles ont été (ni tronquées,
ni grossies, ni enjolivées...). Iyengar parle de "recollection"
des faits, laissant aussi entendre que ce dont nous nous souvenons (comme tout ce que nous avons "en tête", "à l'esprit") est notre collection, la somme de ce que nous avons
accumulé au contact du monde, mais que ce n'est pas nous...
अभ्यासवैराग्याभ्यां तन्निरोधः॥१२॥
I.12- abhyāsa vairāgyābhyaṁ tannirodhaḥ
I.12- abhyāsa vairāgyābhyaṁ tannirodhaḥ
...
Pour l'instant je laisse intraduit le 12ème sūtra, de
manière à ce que vous sachiez où "géographiquement" il
se trouve dans le texte, mais nous l'étudierons lors d'un prochain
stage...
Prochaine matinée yoga-sūtra le dimanche 17 février 2013...
et d'ici là, de joyeuses fêtes à tous...
et d'ici là, de joyeuses fêtes à tous...
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